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Ode à l’indignation (et autres mouvements)


Qu’est-ce que l’indignation sinon une colère en mouvement. Émotion primaire, la colère incarne ce sublime élan interne de l’organisme toujours vivant. En ce sens, l’apathie et l’indifférence n’apparaissent-elles pas tel un hideux étang dénué de vie intérieure ?

Si l’émancipation des individus et des peuples permet d’éradiquer de gênantes contraintes, encore faut-il les voir, les reconnaître, les nommer, en être pleinement consciente, au-delà de la propagande (machiste, marketing, politique, etc.) servant précisément à en brouiller les tenants.

On nous dira ce qui est bon pour nous, pendant que les décideurs eux-mêmes s’en priveront. On nous demandera d’être raisonnable, de se serrer la ceinture, de faire notre part, d’être courtoise, gentille, souriante, aimable, en somme, de se plier aux règles, de s'y soumettre, tandis qu’ils s’agiteront déraisonnablement dans l’opulence et la vile corruption à l’ombre d’un palmier royal dans un paradis fiscal.

La particularité de l’oppresseur est qu’il est tantôt un formidable manipulateur, tantôt un pauvre innocent. Homme ou système, il maîtrise admirablement les mécanismes de la prédation, de la domination, de l’endoctrinement, la peur et l’immobilisme étant ses plus précieux complices.

Le cynisme, quant à lui, est cet élan avorté, refoulé, contenu, colère intériorisée du soumis, du colonisé, les grands mouvements sociaux, voire révolutionnaires, puisant indubitablement leur force dans l’indignation collective.

On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, ni de révolution sans déranger les règles en place et quelques médiocres personnages au passage.

Que brillent de tous ses feux la colère et l’indignation des opprimé-e-s. Vive la révolte et l’esprit dissident. 

***

« N’attendez plus de permission pour agir, parler et écrire comme vous l’entendez. »
 Louky Bersianik (1930-2011)

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