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La STM, la Ville de Montréal et l’hypocrisie du Grand Prix


La Société de transport de Montréal (STM) semble avoir un excellent sens de l’humour, appréciant particulièrement l’humour noir. Il est tout de même ironique que la STM impose aux usagers une « obligation de circuler » alors qu’elle a elle-même cessé « de circuler », refusant même d’offrir tout service aux usagers réguliers à l’extérieur des heures de pointe pendant trois jours consécutifs la semaine dernière. « Obligation de circuler » ? Mais vous rigolez ?

Pendant que les usagers réguliers de la STM n’ont droit à aucun remboursement ni aucune forme de compensation pour ces arrêts complets de services, les riches touristes du Grand Prix de Formule 1, eux, ont eu droit à un service V.I.P. Non seulement ils ont été servis comme des rois par la société de transport montréalaise durant tout le weekend de cette ridicule course de chars qui tournent en rond très rapidement et qui polluent abondamment, mais des agents spéciaux avaient également été prévus et placés ici et là pour faciliter l’achat de billets et répondre à leurs questions. « Merci d’avoir voyagé avec la STM ! » 

Si la STM traitait ses usagers réguliers à l’année de la même manière qu’elle le fait avec la visite qui débarque icitte une seule fois par année, les chiffres dans les livres comptables de la société de transports augmenteraient sûrement de façon significative. « Merci de votre compréhension ! » 

Avec cette obligation de circuler, la STM reconduit ainsi les mesures anti-flânage dans le métro instaurées au printemps dernier, arguant que celles-ci avaient grandement contribué à augmenter le sentiment de sécurité des usagers de la STM. Or, tous ces efforts et ces bons résultats n’ont-ils pas été anéantis par la grève des transports, obligeant plusieurs usagers à utiliser leur voiture ou à dénicher d’autres moyens de transports que la STM ? 

Le ménage à Montréal 

Pendant ce temps, la Ville de Montréal avait pour sa part effectué un grand ménage de la métropole avant l’évènement. Au lendemain du Grand Prix, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, se disait particulièrement fière du déroulement du weekend du Grand Prix, sans anicroche sur les terrasses comme l’année dernière. Certains commerçants ont apparemment fait de bonnes affaires. C’est très bien. 

Or, n’est-il exaspérant de voir autant d’énergie déployée et de dévouement pour des touristes ? N’est-il pas décourageant de constater qu’on se démène en masse pour des visiteurs de passage ? C’est quoi, cette obsession de toujours vouloir bien paraître juste devant la visite ? Quoi ? C’est en raison des beaux dollars en circulation ? Les importantes retombées économiques, vous dites ? Est-ce toujours une question d’argent et d’économie ? 

Les Montréalais et les Montréalaises ne méritent-ils pas un réseau de transport collectif exemplaire et accessible en tout temps comme durant le Grand Prix ? Les citoyens de cette ville ne devraient-ils pas pouvoir compter sur cette même mobilité assurée et une ville propre en tout temps ? C’est désespérant de voir nos sociétés de transports et nos élus se démener autant pour des étrangers de passage, mais qu’à l’extérieur de ces grands événements, le restant de l’année, on fait suer les vrais citoyens de cette ville, les gens qui habitent en permanence dans cette métropole avec des services médiocres et réduits. Quelle hypocrisie, je vous dis.


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