L’ancien maire de Montréal, Denis Coderre, est de retour dans la sphère publique. Pour son plus grand plaisir. Celui qui a régné pendant quatre (longues) années sur la métropole, après avoir été député à Ottawa, revient dans l’arène politique. Enfin, presque. Il maintient pour le moment un simili suspense, mais devrait bientôt annoncer qu’il briguera la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ).
Chemin faisant (et bientôt celui du Compostelle), Denis Coderre est donc de retour sous les projecteurs, créant autour de lui un véritable cirque médiatique. Et il adore ça. Car M. Coderre est particulièrement friand, voire accro aux micros, aux caméras et aux kodaks. Devant une meute de journalistes, il est heureux, comblé, surexcité. Il salive. Un vrai poisson dans l’eau.
En perpétuel manque de lumière, M. Coderre a besoin d’exister dans l’espace public. Pas de servir, non. Seulement d’être au pouvoir. Il a besoin de diriger, de régner, d’être vu, connu et, surtout, reconnu – s’attendant même à un traitement de faveur au bureau des passeports, tout en commentant l’affaire sur X. Faut quand même le faire.
M. Coderre aime aussi se mettre en scène, se faire filmer lors de ses nombreux « entraînements » qui symbolisent tous, chaque fois, son grand retour, ses interminables « métamorphoses » vers un « meilleur moi » par la réalisation de nouveaux accomplissements et l’atteinte de son objectif ultime : sa réélection. N’importe où. À Ottawa, à Québec ou à Montréal, M. Coderre a besoin de « gouverner », d’être la vedette en chef pour vivre. Et malheureusement pour plusieurs d’entre nous, il croit que nous attendons nous aussi impatiemment ce grand moment : le retour de Denis Coderre dans l’arène politique.
Et en le voyant multiplier les entrevues, les mises en scène et les steppettes, durant lesquelles il ne révèle absolument rien de nouveau, tout en nourrissant la bête, le cirque et le pseudo mystère autour de sa candidature potentielle à la chefferie du PLQ, on se questionne sérieusement : Existe-t-il un équivalent féminin à Denis Coderre dans l’espace public ? Je veux dire, une femme pourrait-elle agir de la même façon tout en gardant sa crédibilité ? Autrement dit, est-il possible pour une femme, une Québécoise, de parler et de se comporter comme Denis Coderre dans l’espace public ?
D’ailleurs, existe-t-il présentement, au Québec, une femme politique (ou dans un autre domaine public) qui a un aussi gros ego et la même arrogance que Denis Coderre ? Est-ce même physiquement possible ?
Imaginez une femme qui, sur un plateau de télévision fort populaire, balancerait à une autre invitée : « En tout respect, ce n’est pas une question d’humour… Non, non… On va se parler après ! »
Impossible. Ça ne passerait tout simplement pas. Cette femme, si elle existait, serait sur-le-champ accusée d’être arrogante, une « méchante femme » sur la place publique. Elle serait traînée dans la boue des réseaux sociaux, écartée de la course à la chefferie de n’importe quel parti et discréditée d’emblée dans les médias : « Mais pour qui elle se prend, celle-là ! Tu parles d’une… [insérez l’insulte de votre choix ici] ! »
Mais, étrangement, lorsqu’il s’agit d’un homme, ça passe encore. Ça semble même tout à fait normal qu’un « monsieur », lui, s’exprime de la sorte, se donne de l’importance, bombe le torse, soit arrogant, prétentieux, imbu de lui-même, monopolise du temps d’antenne et qu’il se trouve brillant, voire génial, par la même occasion. C’est tout de même incroyable.
« Je pense qu’on change jamais, on évolue », a lancé Denis Coderre en entrevue au Devoir. Pour l’humilité et la modestie, oubliez ça. Pour l’évolution de Denis Coderre maintenant, ça reste à voir. Mais ne comptez surtout pas sur un miracle lors du chemin de Compostelle. C’est juste une autre mise en scène, à la Coderre.