Passer au contenu principal

« Who do you think you are? »


Combien d’individus se font rabrouer par des commentaires comme « Tu te prends pour qui toé au juste ? », ou encore, yes mam, « Who do you think you are ? ». Sous le couvert d’une question, il s’agit en réalité d’une affirmation maquillée. Lumière sur cette tactique relationnelle du dominant.e-dominé.e.

De domination-soumission à relation égalitaire 
La relation de domination existe dans nombreux rapports animaux, et donc humains, tantôt entre les espèces - le chien chasse le chat, le chat la souris, alouette –, tantôt à l’intérieur d’une même espèce.

Entre les individus, comme entre les sexes, ce rapport de force peut aussi bien être musculaire, et donc physique, que psychologique, ce dernier surgissant bien souvent, mais non exclusivement, d’une relation d’autorité déjà existante; un entraineur envers ses joueurs ou athlètes, une professeure envers un élève, un député et une stagiaire, une patronne envers un employé, you get the gist.

Or la relation dominante, elle, débute lorsque le pouvoir de l’un sert à brimer les droits et libertés de l’autre, entre autres d'un subordonné, incluant ceux d’expression. « Tiens ça mort », par exemple, « n’en parle à personne, sinon… », ou « ferme ta gueule » carrément.

Et lorsque quelqu’un vous lance « tu te prends pour qui toé là? », en réalité votre interlocuteur ou interlocutrice remet en question votre propre légitimité à parler. Cette personne considère d’entrée de jeu que vous n’avez pas le droit de vous exprimer, de vous prononcer, de répliquer… « Circulez, y’a rien à voir, ce n’est pas de vos affaires. »

Dans de telles circonstances, mieux vaut encore se lever, partir, quitter les lieux, ne pas répondre ou passer à un autre appel. On ne peut discuter, encore moins négocier et trouver un terrain d’entente, avec quelqu’un qui croit que vous n’avez pas droit de parole. Pour être entendu, il faut tous les deux être sur un même pied d’égalité. Et ce que cette personne tente irrévocablement de faire, insidieusement, subtilement ou pas du tout, c’est de vous remettre « à votre place », en position de soumission, de subordination.

Que reste-t-il à faire? Abandonner la bataille? Pas du tout.

Quelques options s’offrent toujours à nous, entre autres, acquérir du pouvoir (il existe maintes voies possibles), les faire descendre de leur piédestal – rien de mieux que le plancher des vaches -, ou encore protester crânement, fort et souvent préférablement, déranger s’il le faut, et ainsi se montrer insubordonnable.

Messages les plus consultés de ce blogue

Les fausses belles femmes

Après les Femmes poupées, femmes robotisées , voilà maintenant de fausses belles femmes dans un factice concours de beauté. Totalement artificielles, ces femmes, vous comprenez, ces différentes images ayant été générées par l’intelligence artificielle (IA) - (lire  Miss AI - Un podium de beauté artificielle ). Pour faire simple, il s’agit en réalité d’une vraie compétition toute féminine de la plus belle fausse femme créée par des hommes. Vous me suivez ? Non, on n’arrête pas le progrès. Ce sont majoritairement des hommes qui se cachent derrière la fabrication de ces images de fausses femmes. Des créateurs masculins qui passent sûrement d’innombrables heures devant un écran d’ordinateur à créer la femme idéale (ou de leurs rêves, allez savoir), à partir, on s’en doute, de leurs désirs, fantasmes, idéaux et propres standards de beauté – la beauté étant dans les yeux de celui qui regarde évidemment. Une beauté exclusivement physique, rappelons-le.  Même le jury est artificiel – à l’excep

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre

« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour le port « inapproprié » de son voile, le mouvement iranien « Femme Vie Liberté » se poursuit...  ----- Photos  : Sylvie Marchand, Montréal, 15 sept. 2024  À lire  :  Malgré la répression, de nombreuses Iraniennes ne portent pas de hijab ( La Presse , 14 sept. 2024)  Iran : deux ans après la mort de Mahsa Amini, la répression « a redoublé d’intensité » (Radio-Canada, 15 sept. 2024)

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle portait en