Le dernier sondage Ipsos-La Presse confirme les avancées de la CAQ en vue des prochaines élections au Québec. Même si les jeux sont loin d’être faits – nombreux sondages se sont révélés peu fiables dans le passé -, une portion des résultats apparaisse néanmoins fort intéressante, voire significative, la perception du peuple envers les chefs potentiels : « un électeur sur cinq (21%) préfère choisir "aucun d’entre eux" et 17% demeurent indécis. »
Trente-huit pour cent des Québécois-es hésiteraient donc face aux leaders potentiels (c’est beaucoup), tandis que l’appui à la souveraineté, lui, tournerait autour des 31% (c’est peu).
Le peuple et son chef… Ça fait penser à Pierre Falardeau qui, en 1994, écrivait ceci : « Comme si la lutte de libération nationale n’était pas en soi, un projet de société. Le bateau coule et des passagers veulent discuter de l’aménagement intérieur de la chaloupe. Ramons câlice ! On discutera ensuite de la couleur de la casquette du capitaine ou de la forme des rames. L’indépendance n’est pas le paradis. Ce n’est pas la solution à tous les problèmes. Mais il s’agit de choisir enfin. Ou le statut de nation annexée à jamais, ou la liberté. (…)
» "Oui mais j’aime pas le capitaine. Il est trop gros. Il est trop souriant. Pas assez près du peuple. Trop intellectuel. Trop à gauche. Trop à droite. Trop ceci. Pas assez cela."
» Décidément, notre recherche d’un messie ne nous quittera donc jamais. On cherche encore un chef. On a besoin d’un chef pour nous dire quoi faire. Mais on s’en crisse du chef. L’important, c’est ce qu’il y a dans la tête et dans le cœur des matelots. S’il n’y a rien, tant pis. Mais s’il y a une volonté à toute épreuve, une détermination sans faille, une vision claire, le chef va suivre. L’important, c’est l’équipage, le peuple, pas le chef. L’important, c’est chacun de nous.
» Nous sommes prisonniers de notre propre lâcheté, de notre propre paresse. Prisonniers de notre mollesse, de notre faiblesse, de notre insignifiance, de notre manque de créativité. Notre pire ennemi est en nous. Les barreaux sont dans nos têtes. Nous traînons nos boulets dans nos cerveaux. Les murs de notre prison sont dans nos têtes.
» D’abord sortir de prison. D’abord arracher les barreaux. Le reste, on verra plus tard. La liberté d’abord. La liberté tout de suite. La liberté. Ou la mort. » (1)
La question se pose : que se passe-t-il dans la tête et le cœur des matelots? Sommes-nous condamnés à un minable tant pis ?
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(1) Extrait du texte On ne fait pas l’indépendance avec des ballounes et des airs de violon, dans La liberté n’est pas une marque de yogourt (Typo, 2009).