Chaque fois que je la croisais quelque part, dans une manif, une marche ou un rassemblement quelconque, je scandais toujours son prénom « Manon ! Manon! Manon ! », un poing de militante bien haut dans les airs. C’est à cause d’elle – ou grâce à elle, allez savoir –, que je me suis politisée il y a de cela plus d’une décennie. Manon Massé était partout dans mon ancien quartier, omniprésente dans le misérable Centre-Sud de Montréal. Je la croisais tantôt dans la rue, tantôt dans le métro, en bicycle, ou encore au Comité social du Centre-Sud, un centre communautaire où l’on trouvait des services de toutes sortes comme de l’aide alimentaire pour les pauvres, les moins nantis, les poqués, les amochés, les dépressifs, les endeuillés par suicide et autres miséreux de ce quartier défavorisé. Pendant des années, cette femme se présentait à chaque élection «provinciale» sans succès, sans jamais remporter la victoire. Par la même occasion, ses pancartes électorales étaient ...
Je ne connaissais ni l’auteur ni ce titre. Le bouquin m’est tombé dans les mains en allant chercher mes « réservations » à la Grande Bibliothèque. L’usager voisin alphabétique juste à côté sur la rangée avait réservé ce mince livre : Lumière pâle sur les collines . J’étais intriguée. Évidemment j’ai été happée d’un coup en lisant le résumé en quatrième de couverture. Il y avait ce mot en « s » qui, immanquablement, attire mon attention : « Après le suicide de sa fille aînée, Etsuko, une Japonaise installée en Angleterre, se replonge dans les souvenirs de sa vie. » Tout à coup, j’étais aspirée. Ce premier roman de Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature en 2017, a été publié en 1982. Je n’avais jamais lu d’auteur japonais (un vrai écrivain japonais), ni aucun roman dans mon souvenir qui se passait au Japon. J’ignorais tout de cet auteur couronné par ce prestigieux prix de même que de cette écriture envoûtante tout en douceur. Impatiente comme j...