Passer au contenu principal

Féminisme, le mot de l'année?



Selon le groupe Merriam-Webster, c'est le mot féminisme qui a été le plus consulté aux États-Unis en 2017, avec 70% plus de recherche qu'en 2016. Vous vous foutez de ma gueule ou quoi?

Ouvrons un dictionnaire
Comme un autre article à ce sujet le stipule : « Le mot féminisme est entré dans le dictionnaire Webster en 1841 sous la définition "qualités des femmes". Aujourd'hui, il signifie "la théorie de l'égalité des sexes en matière politique, économique et sociale" et "l'activité organisée au nom du droit des femmes et de leurs intérêts".

Le Larousse va dans le même sens: « mouvement militant pour l'amélioration et l'extension du rôle et des droits des femmes dans la société ». Le Petit Robert? « Attitude de ceux qui souhaitent que les droits des femmes soient les mêmes que ceux des hommes ». Le dictionnaire sur Internet? « Doctrine qui a pour objet l'extension des droits civils et politiques des femmes jusqu'à obtenir l'égalité avec ceux des hommes ».

Même la féministe-activiste américaine Gloria Steinem, ici en entrevue en 2011, répond inlassablement à la question « Qu'est-ce que votre définition du féminisme? ». Toujours aussi posée, Steinem répète ce qu'elle a dit un million de fois: « Allons-y simplement avec la définition du dictionnaire, soit la croyance en une égalité sociale, économique et politique entre les hommes et les femmes... tout en agissant en ce sens », ajoute-t-elle.

C’est bon? Tout le monde a compris ce que ça mange en hiver du féminisme?

Maintenant, peut-on (encore une fois) parler des vrais enjeux qui animent les féministes depuis belle lurette? Comme la pauvreté, la précarité d’emploi, les inégalités (salariales entre autres), les stéréotypes, le sexisme et les doubles standards, la misogynie, le patriarcat, l'objectivation de la femme, les mains baladeuses, les nombreuses inconduites sexuelles (que plusieurs femmes ne pouvaient relater, jusqu'à tout récemment, de peur de perdre leur emploi), la sollicitation sexuelle, l’exploitation ménagère et sexuelle, la violence faite aux femmes, le manque de représentation politique, sociale, tout comme dans les postes stratégiques, l'abus de pouvoir aussi, la dévalorisation du travail (souvent sous-payé, voire bénévole) accompli par les femmes… on continue?

Comprenez-moi bien, que des gens se renseignent et cherchent, littéralement, le sens du terme, c'est bien. Mais bon sang, arrivez en ville! On est au 21ième siècle après tout, et les femmes représentent la moitié de la population mondiale, 49,558% pour être plus exact - d'ailleurs, ce chiffre est en baisse, une autre préoccupation pour bien des féministes. Autrement dit, le mot féminisme ne date pas d'hier.

Doit-on se réjouir de l'arrivée d'un président misogyne à la Maison-Blanche d'avoir suscité un tel intérêt pour le mouvement des femmes? Certainement pas. Une femme aurait dû être en poste. Une autre préoccupation féministe, des femmes au pouvoir, ici, comme chez nos voisins du Sud et ailleurs dans le monde. On veut être dans l'action et l'avancement, pas seulement dans la réaction et la défense constante de nos droits. Comme dans les sports, les féministes marquent des points lorsqu'elles ont le ballon. Il faut jouer à l'offensive, pas juste dans la position passive de la défensive.

Soulignons plutôt la lutte constante des femmes et, encore cette année, leur travail acharné. Saluons notamment le courage de toutes ces femmes qui ont pris la parole contre leurs agresseurs, l'élection d'une première mairesse à Montréal, les mobilisations féministes, les réalisations et les accomplissements de nombreuses femmes, entre autres, de l'auteure canadienne Margaret Atwood qui a écrit The Handmaid's Tale (La Servante écarlate) en 1985 - je répète en 1985 - et qui a donné la très populaire série télévisée cette année (à ce propos, voir Les pieds écarlates).

Bref, il reste encore beaucoup de chemin et de bruit à faire en 2018, question de sortir du dictionnaire et de jouer enfin à l'offensive, mesdames.

Messages les plus consultés de ce blogue

Le Prince et l’Ogre, le mauvais procès

Poursuivi en justice pour des agressions sexuelles et des viols qu’il aurait commis à l’endroit de plusieurs femmes, un homme connu du grand public subit un procès. Dans le cadre de ces procédures, des témoins défilent à la barre. Parmi ceux-ci, des amis de longue date, des proches, des collègues et d’anciens collaborateurs venus témoigner en faveur de l’accusé. Tous soulignent sa belle personnalité, le grand homme qu’il a toujours été. Ils le connaissent bien ; cet homme n’est pas un agresseur. Au contraire, il a toujours joui d’une excellente réputation.  C’est un homme « charmant, courtois, poli et respectable » tant envers les hommes que les femmes, répéteront-ils. Il est « un peu flirt », certes, « comme bien d’autres ». Mais personne n’a souvenir qu’on ait parlé en mal de lui. Jamais. Parfois, il est vrai, il a pu se montrer insistant envers quelques femmes, affirmera lors d’une entrevue un excellent ami depuis le Vieux Continent. Mais on pa...

Les Grands Ballets canadiens et la guerre commerciale américaine

La guerre commerciale «  made in USA  » est commencée. De toutes parts, on nous invite à boycotter les produits et les services américains. Quoi ? Vous songiez aller en vacances aux États-Unis cette année ? Oubliez ça ! Il faut dépenser son argent au Canada, mieux encore, au Québec. Dans ce contexte, on nous appelle également à boycotter Amazon (et autres GAFAM de ce monde) ainsi que Netflix, Disney, le jus d’orange, le ketchup, le papier de toilette, etc. – nommez-les, les produits américains –, en nous proposant, et ce un peu partout dans les médias québécois, des équivalents en produits canadiens afin de contrer la menace américaine qui cherche ni plus ni moins à nous affaiblir pour ensuite nous annexer. Les Américains sont parmi nous  Pourtant, les Américains sont en ville depuis longtemps. Depuis 2013, en effet, les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) offrent une formation américaine ( in English, mind you , et à prix très fort qui plus est) sur notre territo...

«Boléro» (2024), l’art de massacrer la danse et la chorégraphe

  Réalisé par Anne Fontaine ( Coco avant Chanel ), le film  Boléro  (2024) porte sur la vie du pianiste et compositeur français Maurice Ravel (Raphaël Personnaz) durant la création de ce qui deviendra son plus grand chef-d’œuvre, le  Boléro , commandé par la danseuse et mécène Ida Rubinstein (Jeanne Balibar). Alors que Ravel connait pourtant un certain succès à l’étranger, il est néanmoins hanté par le doute et en panne d’inspiration.  Les faits entourant la vie de Maurice Ravel ont évidemment été retracés pour la réalisation de ce film biographique, mais, étrangement, aucune recherche ne semble avoir été effectuée pour respecter les faits, les événements et, surtout, la vérité entourant l’œuvre chorégraphique pour laquelle cette œuvre espagnole fut composée et sans laquelle cette musique de Ravel n’aurait jamais vu le jour.  Dans ce film inégal et tout en longueur, la réalisatrice française n’en avait clairement rien à faire ni à cirer de la danse, des fai...

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950 en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (Elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit (l...

«La Belle au bois dormant», y a-t-il une critique de danse dans la salle ?

«  Sur les planches cette semaine  » …  «  La Belle au bois dormant  est un grand classique et, en cette époque troublée, anxiogène, la beauté des grands classiques fait du bien à l’âme. Particularité de la version que présentent les Grands Ballets à la Place des Arts cette année : c’est un homme (Roddy Doble), puissant, imposant, sarcastique, qui interprète la fée Carabosse, comme l’a voulu la grande danseuse et chorégraphe brésilienne Marcia Haydée » écrit la journaliste Marie Tison, spécialiste en affaires, voyage et plein air dans La Presse .  Qu’est-ce qui est pire ? Une compagnie de ballet qui produit encore des œuvres sexistes et révolues ? Un homme qui joue le rôle d’une femme (fée Carabosse), rôle principal féminin usurpé à une danseuse ? Ou une journaliste qui ne connait absolument rien ni à la danse ni aux œuvres du répertoire classique, incapable du moindre regard ou esprit critique, qui signe constamment des papiers complaisants de s...